Depuis avril 2024, l’Égypte a officiellement une nouvelle capitale.
À 45 km à l’est du Caire, en plein désert, une ville entièrement planifiée est sortie de terre. 700 km² de structures neuves, pensées pour héberger les principaux centres de pouvoir du pays.  
Derrière ce projet titanesque, un objectif affiché : désengorger Le Caire. Mais difficile d’ignorer la portée symbolique d’un tel déplacement du pouvoir. Cette capitale, initiée par le président Sissi et financée en partie par l’armée égyptienne, est aussi une réponse à la contestation. Construite loin des foules, dans un périmètre maîtrisé.
Le projet est signé SOM pour le masterplan, l'agence derrière le désormais incontournable Burj Khalifa, et le cabinet de conseil en construction international Dar al-Handasah Shair & Partners pour les étapes plus détaillées. Le résultat est spectaculaire. Tout est surdimensionné : mosquée géante, parlement titanesque, palais présidentiel qui semble posé au bout du monde. Le cœur de la ville s’organise autour d’un axe central démesuré, ponctué d’arches modernistes, de gradins en pierre, de jardins tracés au cordeau. Au sud, la Grande Mosquée. Au nord, le palais présidentiel, verrou du dispositif. Et même un poumon vert, le Green River Park, de deux fois la taille de Central Park en plein désert.
Le langage architectural convoque plusieurs imaginaires :
— Le gigantisme "néo-pharaonique", dans les proportions, les façades, les volumes ;
— Une esthétique futuriste façon DUNE ;
— Des références brutalistes dans les matériaux, les pleins, la manière d’écraser l’échelle humaine.
Le photographe Johan Blasberg qui s’y est rendu, décrit une sensation de submersion, ne s'étant jamais senti aussi petit et insignifiant face à une ville. Il rapporte une absence totale d’ombre, des distances intenables à pied, une monumentalité qui ne cherche pas à accueillir, mais à impressionner.

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